[Portrait] Oscar, médecin militaire au service du GIGN
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Au sein du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale), le médecin militaire reste en alerte, prêt à partir avec le détachement d’intervention d’urgence ou judiciaire. Son rôle : exécuter rapidement les bons gestes médicaux au plus près de l’action. Portrait du médecin principal Oscar, soignant de la 1re antenne médicale spécialisée, en région parisienne.
Bonjour Oscar, pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le Service de santé des armées (SSA) en tant que médecin militaire ?
Lorsque j’étais encore au collège, j’étais très préoccupé de ne pas savoir quel métier choisir, alors que tous mes camarades avaient déjà des projets. C’est en 2003, lors de la canicule qui a provoqué de nombreux décès parmi les personnes âgées en France, que j’ai pris la décision de devenir médecin. Personne dans ma famille n’évoluait dans le domaine médical, c’était donc un univers assez abstrait pour moi. Mais je pense qu’inconsciemment, j’ai ressenti le besoin d’avoir le pouvoir de protéger mes grands-parents si un tel événement se reproduisait.
Ma mère travaillait au sein de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), et je me souviens que lorsque je l’accompagnais au travail les jours de grève à l’école, je pouvais découvrir des documents d’époque retraçant les conflits. C’est ainsi que je me suis orienté vers l’armée. Combiner l’exercice de la médecine avec le monde militaire était une opportunité offerte par le SSA. Il y avait également en moi une volonté profonde de m’investir dans une cause plus grande que moi.
J’ai pris la décision de suivre un parcours classique de médecin militaire, en me spécialisant en médecine d’urgence. J’ai effectué mon clinicat à la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP), puis j’ai été affecté à deux antennes médicales de bases aériennes, à Orange et à Vélizy-Villacoublay. En 2022, j’ai passé les tests de sélection pour les antennes médicales spécialisées (AMS) et j’ai choisi de rejoindre la 1re AMS en 2023 en région parisienne.
Quelles sont vos missions au quotidien en tant que médecin militaire ?
Au quotidien, notre activité ressemble à celle des antennes médicales classiques, avec des consultations et des visites d’aptitude. Cela représente la base de tout médecin militaire, et c’est également une part de notre travail. En mission, nous avons un rôle tactique dans l’élaboration du concept de santé : il s’agit de déterminer où placer nos équipes médicales en fonction du terrain, de la menace, des unités alliées et des ressources civiles, telles que les pompiers ou les SMUR, lorsque nous intervenons en France. Nous avons également un rôle de soutien direct aux opérateurs du GIGN, en étant à leurs côtés, dans la colonne d’assaut.
Lors des missions d’envergure, nous pouvons travailler en collaboration avec des équipes médicales d’unités conventionnelles (comme cela a été le cas en Nouvelle-Calédonie cette année) ou des forces spéciales.
Quels sont les pathologies et les enjeux rencontrez-vous au quotidien ?
Les pathologies rencontrées sont variées. En déplacement, nous prenons en charge des pathologies courantes : traumatologies, infections… Mais en mission, il faut être prêt à toute situation. Cette année, notre équipe a déjà soigné plus de cinq blessés par balle. Nous traitons sans distinction les civils ou les opérateurs, en fonction de la gravité des blessures, conformément à la devise du GIGN : « S’engager pour la vie. »
En dehors des missions, notre service effectue les activités classiques d’une antenne médicale métropolitaine. Lors des missions, nous assurons un soutien opérationnel direct. Chaque semaine, deux binômes médecin-infirmier sont en alerte, prêts à partir sur un court préavis. Pendant ces périodes, nous mettons de côté les consultations pour nous concentrer sur le maintien de nos compétences tactiques : tir, corde lisse depuis un hélicoptère, simulations médicales, combat…
Avec quelles équipes et quel type de matériel de pointe travaillez-vous ?
Nous travaillons principalement avec les opérateurs du GIGN, mais parfois aussi avec les gendarmes mobiles du Groupement Blindé de Gendarmerie Mobile. En mission, nous pouvons être amenés à collaborer avec tous les acteurs de la société civile mobilisés en cas de crise : pompiers, SAMU (Service d’aide médicale urgente), gendarmes départementaux, équipes de soutien psychologique… Cette diversité de contacts exige une grande polyvalence et une bonne connaissance du système de secours pré-hospitalier. À l’étranger, nous collaborons avec l’armée française, le corps diplomatique et parfois même avec les forces armées partenaires.
Nous utilisons un équipement tactique similaire à celui des opérateurs du GIGN, permettant une action au plus près des combats : gilet pare-balles, casque lourd avec visière pare-balles, arme de poing, jumelles de vision nocturne, parachute en cas de mission aéroportée… Nous devons être capables de suivre les opérateurs du GIGN, quelle que soit la mission, de manière autonome, tout en assurant notre auto-défense et celle de nos collègues.
Concernant le matériel médical, nous nous déplaçons systématiquement avec un véhicule équipé pour assurer des réanimations médicales de l’avant, comparable à un SMUR (Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation). Nous utilisons notamment du plasma lyophilisé. Nous avons aussi les capacités d’évoluer et de traiter des patients en zone contaminée NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique). Lorsque nous intervenons à pied, nous emportons un sac médical adapté permettant de réaliser un MARCH (Massive Anti-shock Resuscitation Care), similaire à celui que chaque médecin militaire prend avec lui en OPEX (opérations extérieures).
Quel type de formations avez-vous suivi et vers quelles fonctions pourriez-vous évoluer à l’avenir ?
À mon arrivée au sein de la 1re antenne médicale spécialisée, j’ai suivi le stage d’intervention spécialisée, d’une durée de trois mois, pour acquérir les techniques d’intervention des opérateurs du GIGN.
J’ai suivi ensuite un stage de formation dédié aux opérateurs des antennes du GIGN, qui dure un an et qui est réputé pour sa grande difficulté avec 400 candidats au départ pour une trentaine de brevetés à la fin.
À l’avenir, je pourrais retourner dans une antenne médicale classique, exercer en structure d’urgence dans un hôpital militaire, ou dans un service de médecine pré-hospitalière, comme la BSPP ou le BMPM (Bataillon de Marins-pompiers de Marseille). Je pourrais également postuler pour une autre AMS soutenant une autre unité des forces spéciales. Cependant, après ces années passées à la 1re AMS, je pense qu’il serait préférable de revenir dans une unité avec moins de missions, afin de permettre à mon épouse de développer sa carrière personnelle. Elle est aussi médecin, mais dans le civil, et c’est actuellement elle qui assure la “base arrière”.
Quels sont vos centres d’intérêt en dehors de votre métier ?
J’aime la cuisine, je prépare tous mes repas, et lorsque j’ai le temps le week-end, je crée des recettes un peu plus élaborées dans un style fusion français-asiatique. Mon entourage me dit toujours que c’est très bon et cela m’encourage à continuer.
Mon autre passion, c’est la collection de figurines en plastique à tête oscillante ; j’en ai déjà plus de 150 ! À chaque retour de mission, j’en achète une dans une station-service. Je cherche les figurines représentant les héros de mon enfance : Le Seigneur des Anneaux, Star Wars, The Witcher… Je les empile harmonieusement dans mon salon avec pour objectif de recouvrir complètement un pan de mur.


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