[Portrait] : Annie, vétérinaire militaire au service du 22e groupe vétérinaire de Bordeaux
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En France comme en opérations extérieures, le vétérinaire militaire assure de multiples missions. Des soins prodigués aux animaux de l’armée au contrôle de de l’hygiène des denrées alimentaires en passant par le conseil technique dans le domaine du risque biologique … le quotidien d’Annie, vétérinaire militaire au sein du 22e groupe vétérinaire de Bordeaux, est varié et gratifiant. Portrait.
Bonjour Madame le vétérinaire en chef Annie. Pouvez-vous nous décrire votre parcours au sein du Service de santé des armées (SSA) ?
Je suis le vétérinaire en chef (colonel) Annie, affectée au 22e groupe vétérinaire de Bordeaux. J’ai 52 ans et j’exerce au Service de santé des armées depuis un peu plus de 20 ans, d’abord en tant que réserviste puis en tant qu’officier commissionné (statut contractuel militaire).
J’ai effectué mes études vétérinaires à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort (94), avant de commencer ma carrière dans le secteur civil. J’ai exercé dans le civil de juillet 1996, date de ma sortie de l’École, jusqu’en mai 2004, moment où j’ai rejoint les armées comme vétérinaire réserviste.
Entre 2004 et 2015, j’ai effectué de nombreuses périodes de réserve, aussi bien en métropole (au sein des secteurs vétérinaires de Strasbourg, Besançon, Châlons-en-Champagne, Suippes) qu’en opérations extérieures (en Bosnie, au Kosovo, en Côte d’Ivoire, au Liban, au Mali, au Niger et en Roumanie). En 2015, j’ai été recrutée comme officier commissionné et j’ai accepté ce recrutement avec enthousiasme. Je viens de signer mon troisième contrat et mon objectif est de poursuivre jusqu’à ma limite d’âge, prévue pour 2034.
Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le SSA ?
Le Service de santé des armées offre aux vétérinaires des conditions de travail optimales ainsi que des missions diversifiées et passionnantes. J’ai rejoint le SSA dans un esprit de service et de soutien à la défense de notre pays. Faire partie de ce service est une immense fierté, car cela signifie que je contribue directement à la sécurité de la France et des Français, en soutenant les forces armées en tout temps, tout lieu et en toute circonstance.
Quelles sont les missions spécifiques d’un vétérinaire militaire ?
Les missions se divisent en deux grandes catégories : la santé animale et la santé publique vétérinaire.
En santé animale, j’assure la prophylaxie (prévention des maladies), j’évalue l’aptitude des animaux militaires (chiens, chevaux et rapaces) à l’emploi et je m’occupe de leur mise en condition opérationnelle. Cela inclut également la médecine vétérinaire et la chirurgie, afin de maintenir nos animaux dans un état de santé optimal. Globalement, je m’occupe des pathologies et des blessures traumatiques liées aux conditions de travail exigeantes (problèmes orthopédiques ou pathologies liées au vieillissement). La majorité des animaux sont en excellente santé mais il arrive que des problèmes plus graves nécessitent des soins particuliers.
En santé publique vétérinaire, je suis responsable du contrôle officiel de l’hygiène des aliments, principalement dans les organismes de restauration collective des armées. Je participe aussi à la formation des personnels de ces organismes sur les bonnes pratiques d’hygiène. Je suis impliquée dans la sélection et le suivi des fournisseurs alimentaires du ministère des Armées et je veille à la prévention des toxi-infections alimentaires collectives.
Par ailleurs, je m’occupe du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, en instruisant les demandes d’autorisation pour les captages utilisés par les armées, en auditant les installations de production et de distribution d’eau mais aussi en m’assurant du respect des normes. Enfin, je m’assure que les conditions de bien-être des animaux militaires soient respectées et je participe aux projets de rénovation des infrastructures : chenils, écuries, fauconnerie, etc.
Avec quelles autres professions travaillez-vous ?
Le 22e groupe vétérinaire de Bordeaux est composé de trois vétérinaires (deux adjoints et moi-même), ainsi que de deux techniciennes vétérinaires (une civile et une militaire). Les techniciennes possèdent les mêmes compétences en santé publique que les vétérinaires mais n’ont pas de prérogatives en santé animale. Nous comptons également des réservistes, vétérinaires et techniciens vétérinaires, qui apportent leur expertise pendant des périodes de réserve.
Quel est le périmètre d’action du 22e groupe vétérinaire ?
Dans le domaine de la santé animale, nous assurons des soins médicaux réguliers (y compris radiographies, échographies et analyses sanguines) pour un effectif d’environ 230 à 260 chiens, 45 à 50 chevaux, et 16 rapaces. Nous surveillons également le respect des normes de bien-être animal dans 27 chenils, 2 centres équestres et 1 fauconnerie.
En santé publique vétérinaire, mes équipes réalisent des visites de contrôle dans 48 sites de restauration collective et 5 sites commerciaux, veillant à ce que les repas servis respectent les normes sanitaires. Nous supervisons aussi 6 sites producteurs d’eau et effectuons des contrôles sur 36 sites raccordés au réseau public. Par ailleurs, nous veillons à la mise en œuvre de mesures de biosécurité pour prévenir les risques sanitaires liés aux déplacements internationaux de matériel militaire, d’animaux ou de personnel.
Avec quel type de matériel travaillez-vous ?
Concernant le matériel, nous disposons d’équipements spécialisés pour les contrôles sanitaires : thermomètres calibrés, appareils de mesure pour le contrôle de la qualité de l’eau (taux de désinfectant, turbidité) et, en mission, d’un petit laboratoire pour réaliser des analyses bactériologiques et physico-chimiques.
Quelle formation avez-vous suivi et vers quelles fonctions pourriez-vous évoluer ?
Après ma formation initiale, j’ai suivi plusieurs modules spécifiques en matière de gestion de l’eau et de la potabilisation dans le cadre de mes responsabilités en qualité de l’eau. De plus, en tant que membre du groupe d’experts de l’eau du Service Vétérinaire des Armées, j’ai eu l’opportunité de suivre diverses formations spécialisées.
À l’avenir, il est possible que j’évolue vers un poste de coordonnateur vétérinaire zonal mais cela reste difficile à prédire.
Pourquoi aimez-vous exercer au Service de santé des armées ?
Je suis particulièrement fière de servir au sein du SSA, car le vétérinaire militaire peut exercer une grande variété de missions. Les conditions de travail opérationnelles demandent une grande flexibilité, une capacité d’adaptation et un pragmatisme constant, ce qui rend cette fonction à la fois stimulante et gratifiante.
La cohésion et l’engagement sont des valeurs fondamentales dans le Service vétérinaire des Armées. Les vétérinaires et techniciens échangent régulièrement pour partager leurs connaissances et se soutenir mutuellement.
Avez-vous une passion en dehors de votre métier ?
En dehors de mon métier, je suis passionnée par la plongée sous-marine, une discipline que j’ai pratiquée pendant plusieurs années en tant que monitrice professionnelle. Bien que je n’aie pas plongé depuis un certain temps, cette activité reste une passion importante pour moi.

