[Portrait] : Nancy, médecin militaire au centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA).
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En France comme en opérations extérieures, le médecin militaire, assistant en santé publique, travaille en équipe multidisciplinaire pour pouvoir établir des recommandations adaptées aux besoins exprimés par les forces. Il collabore avec de nombreuses entités civiles et militaires nationales et internationales. Une spécialité qui est également opérationnelle avec des investigations hors métropole, des déploiements sur les théâtres d’opération et des affectations outre-mer. Découvrez le quotidien de Nancy, médecin militaire au sein du centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA). Portrait.
Bonjour Madame le médecin en chef Nancy. Pouvez-vous nous vous présenter en quelques mots ?
Je suis le médecin en chef Nancy, assistante de santé publique au centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA) et je suis issue de l’école de santé des armées (ESA) que j’ai intégrée juste après l’obtention de mon bac scientifique. Je suis militaire de carrière.
Le choix du Service de santé des armées m’a semblé être une évidence. En effet, à 17 ans, je voulais soigner mon prochain, me rendre utile tout en découvrant le monde. Je ne me projetais pas dans un cabinet en ville, j’avais envie d’aventure ! Je respecte énormément l’engagement de nos militaires et je souhaitais m’engager auprès d’eux et les soutenir.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours au sein du Service de santé des armées (SSA) ?
J’ai fait une première partie de carrière en tant que médecin généraliste militaire, formée aux particularités du milieu maritime. J’ai été affectée sur différents bâtiments de la Marine nationale en France hexagonale (Toulon, Brest) et outre-mer (Martinique et Polynésie française). J’ai pu participer à des missions très variées au Moyen-Orient, en Afrique, en Méditerranée, dans les Caraïbes et dans le Pacifique. En 2015, j’ai participé au déploiement d’un centre de traitement du service de santé des armées en Guinée Conakry dans le cadre de la lutte contre la maladie à virus Ebola.
Enrichie de ces expériences, je me suis sédentarisée à Marseille pour devenir, en 2020, assistante de santé publique et passer de la médecine individuelle à la médecine des populations, plus axée sur la prévention et la gestion des situations à risque pour la collectivité militaire.
Après une première partie de carrière très opérationnelle en unité, je souhaitais enrichir mes compétences dans le domaine de la prévention des risques sanitaires qui peuvent peser sur nos forces.
Quelles sont les missions spécifiques d’un médecin militaire au CESPA ?
Je travaille actuellement au sein d’une équipe qui veille au quotidien à la protection sanitaire des forces. Nous surveillons l’état de santé des militaires en France et déployés en mission dans tous les pays et sur toutes les mers du monde. Nous réalisons régulièrement des missions d’investigation à visée d’expertise dans l’évaluation des risques sanitaires auxquels ils peuvent être exposés. Enfin, nous proposons des recommandations, des formations au profit des soignants et valorisons la promotion de la santé au sein des armées.
Cette spécialité de santé publique est riche et nécessite le plus souvent des travaux en équipe multidisciplinaire, où les experts du Service de santé des armées se réunissent pour pouvoir établir des recommandations adaptées aux besoins exprimés par les forces. Aussi, nous collaborons avec de nombreuses entités civiles et militaires nationales et internationales.
La spécialité de santé publique dans les armées est également opérationnelle car lors de la crise sanitaire du COVID-19 par exemple, le CESPA s’est trouvé en première ligne et est intervenu pour appuyer la gestion des clusters majeurs, en métropole, outre-mer et en OPEX.
Avec quel type de matériel travaillez-vous ?
Pour réaliser nos missions, nous sommes équipés de matériel informatique et de systèmes d’information adaptés, développés spécifiquement pour répondre aux besoins du SSA, ainsi que de lots de projection. Par exemple, la surveillance et les enquêtes épidémiologiques nécessitent de pouvoir réaliser des calculs statistiques ; la promotion de la santé et les formations nécessitent de pouvoir utiliser des outils pédagogiques innovants. Nous bénéficions de moyens pour développer ces innovations.
Quelles formations avez-vous suivi au CESPA ?
Le nombre croissant d’émergences de maladies infectieuses, les changements environnementaux, les risques industriels et les menaces Nucléaire Radiologique Biologique Chimique (NRBC) nous obligent à maintenir un niveau de connaissances et d’expertise très élevé. La formation est essentielle et valorisée durant tout notre cursus professionnel. Pour ma part, je suis en cours de formation pour l’obtention d’un second diplôme d’études spécialisées à la faculté d’Aix-Marseille université. J’ai également des diplômes universitaires et un master 2 en santé publique.
Le champ de la santé publique étant très vaste et très varié, il est possible de se « sur-spécialiser » dans un domaine qui nous attire plus particulièrement et en cohérence avec les besoins des armées, pour devenir l’expert du Service de santé des armées sur cette thématique.
Quelles valeurs sont véhiculées au quotidien dans l’exercice de vote métier ?
Dans notre métier, les valeurs de cohésion et d’engagement se manifestent au quotidien quand on reçoit un appel de soignants sur le terrain et que nous leur apportons des solutions concrètes à mettre en œuvre, adaptées aux contraintes rencontrées.
En temps de crise, l’empathie et la bienveillance de nos pairs sont des valeurs essentielles à préserver. La disponibilité et une bonne capacité d’adaptation sont nécessaires pour s’épanouir dans ce métier.
Exercer au sein du service de santé des armées, c’est soutenir au mieux les militaires engagés et préserver la mission. Le conseil médical au commandement est une part fondamentale de notre activité.
Avez-vous une passion en dehors de votre métier ?
J’adore les voyages et mes passions sont la voile et l’équitation, mais depuis 2020 mes activités sont un peu en sommeil ; peut-être une idée de « bonne résolution » pour 2025 !
Le CESPA QUESACO ?
Établissement expert du ministère des Armées, rattaché à l’Académie de santé des armées, le CESPA, en collaboration avec l’ensemble des établissements du SSA auxquels il apporte son expertise technique et scientifique, met en œuvre la politique du SSA en matière d’épidémiologie, de veille sanitaire et de santé publique appliquées aux armées et à la gendarmerie. L’établissement est composé d’une soixantaine de personnes, avec une répartition équilibrée entre personnels civils et personnels militaires ; de nombreux réservistes appuient le fonctionnement de l’établissement, dans des domaines d’expertise variés.


